Les camps semblent radicalisés sur ce sujet, comme il est d’usage de l’être sur Internet semble-t-il. Chacun se lance des munitions, de livres, de blogues et d’articles pour gagner la guerre. Entre « enlevons tous les appareils numériques à cinq mètres autours des enfants » et « aweille les mobiles, les iPad, pis les bracelets de Pokemons Go en classe ! » Il y a une réflexion à avoir.

Tout d’abord, que veut-on dire par « technologie » ?
Utiliser des iPads pis des tableaux blancs pour enseigner ?
(Dans un contexte où les plafonds tombent, et le mobiliser s’écroule ?)

Le mot technologie fait référence à l’art d’utiliser des outils et au savoir-faire.

Enfermer les jeunes et les professeurs dans un type d’appareil, qui peut devenir désuet très rapidement et qui contient son lot de bogues, ne permet pas non, de développer un savoir-faire durable.

D’autant plus que les échecs reliés à cette implantation « technologique » semblent être davantage liés au manque de formation des professeurs qui ne maîtrisent pas toujours l’utilisation positive de ce matériel (comme le soulève le chercheur Thierry Karsenti au sujet de l’enquête de l’OCDE à médium large ici).

Le problème, c’est d’avoir implanté cette « technologie » avec un « iPad », alors, que les outils numériques ne sont pas enfermés dans un appareil, et qu’ils ne sont pas maîtrisés par les enseignants.

L’apprentissage ne devrait pas être autour de la manipulation d’un appareil en fait, mais DES appareils, et surtout, des outils que l’on peut retrouver en ligne et des rudiments de programmation et d’algorithmes.

Que des jeunes débutent l’université sans connaître l’existence des Googles Drives pour faire des travaux collaboratifs, qu’ils n’ont été guidé à consommer l’actualité qu’à travers des journaux papiers et des applications iPad ( et seulement celle de la Presse en plus), qu’ils n’effleurent même pas la vérification de sources et l’impact des algorithmes dans leur vie, m’apparaît un échec bien pire que tout ce que j’entends sur le sujet actuellement.

Les jeunes se retrouvent souvent seuls et non accompagnés dans des jungles numériques, parce que les adultes qui s’occupent de leur éducation sont dépassés. Je ne parle pas de se retrouver seul sur un iPad, mais seul sur les plateformes, dans le numérique. Cet univers parallèle que ces jeunes doivent apprendre à maîtriser et à construire en 2016, s’ils veulent survivre et se tailler une place dans le monde. (Je recommande d’ailleurs la lecture de « Petite Poucette » de Michel Serres sur le sujet).

Les outils ce sont les logiciels, la programmation et les plateformes utilisés à l’aide d’appareils, qui eux, se succèdent et évoluent trop rapidement pour être fixés. Les jeunes devraient plutôt avoir des portables à eux. Comme on a ses propres crayons. Peu importe la marque ou la sorte, tant que la version permet de naviguer et d’utiliser des logiciels open sources.

===>Je sais c’est cher ! Il faudrait peut-être penser à un modèle de subvention familiale pour financer ces appareils « obligatoires », au lieu de ne pas être capable d’entretenir un bassin de iPad plein de bogues et qui ne dure pas plus qu’une ou 2 générations d’étudiants anyway. Mais bon, les plafonds s’effondrent et le mobilier tombe en ruine dans nos écoles publiques…

Mais peu importe, puisque qu’à la base les enseignants ont trop d’élèves, et qu’il manque atrocement de budget dans ce secteur de toutes façons.

Mais mon message ici, c’est surtout que cette implantation « technologique » ne semblent pas avoir été pensée par des gens qui maîtrisent le sujet. Les jeunes écoutent YouTube, interagissent sur Snapchat et maîtrise imovie pour s’inventer des teaser de film. Si l’objectif est de s’adapter et de les intéresser, toutes ces plateformes peuvent être utilisées pour servir l’enseignement de notions essentielles (y compris le civisme).

Ce qu’il faut pour développer des compétences « technologiques », ce n’est pas d’implanter des appareils, mais surtout d’assurer beaucoup, beaucoup plus de formations sur le sujet auprès des professeurs et des parents.

Parce qu’à être tous anumérique, même pas au niveau fonctionnel, je me demande comment on fera collectivement pour former une relève avec une numératie adéquate pour affronter le monde!

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